L’étude BHYRRA est une étude observationnelle reposant sur l’application des bonnes pratiques en matière de prévention bucco-dentaire. Elle repose sur une collaboration étroite entre nos confrères rhumatologues et les odontologistes. Sa mise en œuvre a nécessité la mise en place d’un réseau national par la SFPIO. Cette étude constitue une première en France et constitue une expérience riche d’enseignement.
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est la maladie auto-immune inflammatoire la plus fréquente des rhumatismes chroniques entraînant progressivement la destruction du cartilage et de l’os se traduisant par des douleurs, un handicap fonctionnel et une diminution de la survie liée à une augmentation du risque cardiovasculaire. Une interaction entre des facteurs génétiques et environnementaux favorise la PR, notamment entre l’épitope HLA partagé et le tabac. Cette interaction peut être à l’origine d’une réaction immunitaire T et B anti peptide citruliné pouvant entrainer une réaction inflammatoire synoviale jouant un rôle direct dans la polyarthrite rhumatoïde.
Les parodontites chroniques sont des maladies inflammatoires d’origines infectieuses entraînant une destruction des tissus de soutien de la dent (tissu conjonctif gingival et os alvéolaire). Plusieurs études ont montré que l’existence d’une parodontite augmente le risque de développement d’une polyarthrite rhumatoïde.
Une des bactéries responsable de la destruction parodontale, Porphyromonas Gingivalis (Pg) possède une déiminase capable de transformer l’arginine en citruline. Les protéines citrulinées de P. gingivalis pourraient être un puissant stimulant pour déclencher une réponse immunitaire et favoriser ainsi le déclenchement d’une polyarthrite rhumatoïde.
L’étude BHYRRA a été mise en place entre les rhumatologues de 14 centres de toute la France (cohorte ESPOIR) et les chirurgiens-dentistes de la SFPIO en définissant un objectif principal et des objectifs secondaires.
Objectif principal : Evaluer l’impact d’une intervention (détartrage tous les six mois associé à l’utilisation de bains de bouche aux huiles essentielles (Listérine®) et de dentifrice 2 fois/jour à base de Triclosan polymère (Colgate Total®) sur l’activité de la polyarthrite rhumatoïde.
Objectif secondaire : Evaluer l’impact de cette intervention sur le taux d’anticorps anti-citruline et anti P. gingivalis.
Méthodologie : Etude comparative, multicentrique.
Deux groupes de sujets :
- Groupe motivé et contrôlé pour les bonnes pratiques
- Groupe « témoins » non motivé
Nombre de patients prévus :
- 100 dans le groupe « patients »
- 100 dans le groupe « témoins »
- Durée de la période d’inclusion : 12 mois
- Durée de participation du patient : 12 mois
- Durée totale de l’étude : 24 mois
Prélèvement bactérien : Un prélèvement bactérien (Perio Analyse®) a lieu à T0 et à T12. Il se pratique en recueillant le fluide gingival entre la surface dentaire et la gencive à l’aide de pointes de papiers stériles, insérées pendant 15 secondes dans chacune des 4 poches les plus profondes. Les résultats vous seront adressés par le laboratoire Clinident après l’analyse.
Pour la SFPIO c’est une implication importante en temps mais aussi en disponibilité face à la gestion de toute la logistique des praticiens et des produits pour chaque patient étudié. A l’heure actuelle l’étude est bien avancée grâce à l’implication de tous. Nous allons commencer l’analyse des premiers résultats, les efforts de chacun vont être récompensés.
Au nom de tous les protagonistes rhumatologues notamment Xavier Mariette et les membres de la SFPIO notamment Philippe Bouchard investigateur, avec la mise à disposition de moyens humains et techniques par l’implication de Xavier Struillou lors de sa présidence, puis de Virginie Monnet-Corti, nous voulons remercier très chaleureusement les odontologistes qui ont sacrifié du temps à la réalisation de cette étude, au sein même de leur pratique professionnelle. La liste de ces examinateurs est indiquée ci-dessous. Ils contribuent à l’avancée des connaissances et démontrent que les odontologistes ayant un exercice privé peuvent s’impliquer dans un grand projet médical au service de malades souvent gravement atteints.